Le pont habité de Rohan est un pont au-dessus de l’Elorn situé au centre de Landerneau, dans le département du Finistère en Bretagne. Inscrit monument historique, le pont de Rohan est un pont toujours habité, ce qui constitue une exception puisque seuls deux autres ponts habités sont recensés à ce jour en France, à Pont-L’Abbé et Narbonne. Voici une petite présentation du magnifique pont habité de Rohan et quelques photographies prises lors de ma dernière visite à Landerneau.
Histoire du pont habité de Rohan à Landerneau
Le franchissement de l’Elorn s’est effectué sans doute jusqu’au 12ème siècle grâce à un gué. Après un premier pont en bois, établi peut-être au 12ème siècle (attesté en 1336), le pont est reconstruit en 1510 par Jehan Il, vicomte de Rohan.
Très vite, il devient un pont habité car des commerces surmontés d’habitations s’y installent, dont la Maison Gillart (ci-dessous) bâtie à même le lit de la rivière, un moulin (avec une prison à l’étage) et une chapelle, et les passants devaient s’acquitter d’un péage, supprimé en 1760. Le pont permettait de se rendre de l’autre côté, mais aussi de passer de Léon en Cornouaille et inversement. Un dicton breton illustre bien ce rôle de carrefour du pont « paz oun var pont Landerne meuz eun troad e Leon hag eun all e Kerne » qui signifie « quand je suis sur le pont de Rohan, j’ai un pied en Léon et un autre en Cornouaille ». Le pont délimite aussi l’espace maritime de l’espace fluvial.
En 1825, un incendie se déclare dans le moulin qui est rasé en 1897 pour laisser place à la haute maison que l’on connaît actuellement. À cette époque, le pont est consolidé mais les crédits manquent pour le rénover totalement.
Le pont habité de Rohan a l’originalité supplémentaire de subir la marée et de séparer l’eau douce de l’eau saumâtre.
Si les constructions sur le pont ont bien changé au fil des années, il est toutefois resté le seul permettant de traverser l’Elorn à Landerneau jusqu’au milieu du 20ème siècle. Au Moyen-âge, les ponts possédaient souvent des habitations et des commerces. Situés de part et d’autre du pont, ils laissaient un passage de la taille d’une rue. Ces ponts avaient l’avantage conséquent d’éviter les loyers dus aux propriétaires terriens et aux seigneurs féodaux. Malheureusement, les constructions en bois ont subi les incendies, les accidents de transports fluviaux, les constructions peu solides, les restructurations des centre-villes… Tout cela a eu un impact néfaste sur les ponts habités. Il n’en reste que très peu en Europe, dont trois en France, à Narbonne, à Pont-L’Abbé et à Landerneau !
Le pont de Rohan et les maisons bénéficient de plusieurs protections au titre des monuments historiques :
- un classement en 1929 pour la maison du 17ème siècle située au 12 rue du Pont,
- une inscription en 1932 pour la maison située au 11 rue du Pont,
- une inscription en 2010 pour tous les autres éléments du pont, à savoir le pont habité de Rohan lui-même et les autres maisons.
La ville de Landerneau s’est développée, à l’origine, autour de ce pont, point de passage obligé d‘une rive à l’autre de l’Elorn, liaison terrestre la plus à l’ouest entre le sud et le nord du Finistère. Pont bâti, et toujours habité, de nombreux négoces s’y sont succédé : meunier, marchand de drap, orfèvre, chapelier, bourrelier…
D’autres photographies du pont habité de Rohan
Sources : landerneau.bzh et wikipedia.