L’archipel réunit mangroves, lagon protégé, tombants atlantiques et passes battues par les courants. On y traque tarpons, carangues, dorades coryphènes, thazards, thons et, au large, marlins. Vous préparez un séjour pêche en Guadeloupe ? Décomposons le sujet avec informations et conseils.
Où pêcher : quatre terrains de jeu très différents
Grand Cul-de-Sac Marin (GCSM) : entre la barrière de corail et la côte, le lagon couvre près de 15 000 ha. Mangroves, herbiers et fonds sableux s’y succèdent ; les bordures abritent snooks, carangues et petits thazards. Les zones protégées y sont nombreuses, car le site est inscrit Ramsar et jouxte le cœur marin du Parc national. Voici pourquoi : ce couloir écologique associe la plus large mangrove des Petites Antilles et plus de 25 km de récif barrière, d’où une pression réglementaire accrue.
Côte Caraïbe (Bouillante, Deshaies, Malendure) : les plateaux tombent vite. Sur dérive courte, on cherche carangues et coryphènes aux abords des cassures et DCP côtiers. Proximité immédiate de la « Réserve Cousteau » autour des îlets Pigeon : navigation et pêche y obéissent à des règles spécifiques, avec des secteurs interdits. Décomposons les contraintes : zone cœur de parc aux Pigeon, interdictions de mouillage et restrictions d’engins dans certains périmètres voisins.
Atlantique (Le Moule, Saint-François, La Désirade) : houle plus présente, courant soutenu, mais passages de pélagiques marqués. Les bordures de récif et les têtes de roche tiennent carangues et thazards ; les trajectoires au large touchent albacores et marlins en saison. Les marinas de Saint-François et du Moule servent de base pour la traîne côtière ou la sortie hauturière.
Les Saintes et Marie-Galante : petits archipels aux reliefs sous-marins accidentés, idéals pour des dérives courtes et précises. Les passes et têtes isolées déclenchent souvent l’attaque de carangues sur leurres de surface. Là encore, on vérifie les périmètres protégés avant d’armer les cannes.
Quelles espèces et quand tenter sa chance ?
La Guadeloupe offre un terrain halieutique varié qui permet de cibler des espèces différentes selon la saison, la météo et la zone de pêche. Pour optimiser votre séjour, adaptez votre stratégie aux périodes d’activité de chaque poisson. Voici une approche claire, par famille d’espèces.
1. Les grands pélagiques : dorade coryphène, thons et wahoos
Les pêcheurs cherchent en priorité ces espèces rapides et puissantes qui patrouillent en pleine eau. Elles approchent des côtes avec la montée des eaux chaudes.
- Quand les cibler ? De juillet à février, avec un pic souvent observé entre septembre et décembre selon les relevés halieutiques publiés par l’Ifremer.
- Où les trouver ? Sur les cassures au large de Saint-François, autour des DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) ou en bordure de plateau à Deshaies ou Capesterre.
- Techniques : traîne rapide entre 6 et 10 nœuds, leurres plongeants, octopus, poissons-nageurs profonds.
- Signes d’activité : oiseaux plongeurs en chasse et boules de sardes en surface. Ces indicateurs guident souvent vers les bancs de thons ou les chasses de coryphènes.
Pour ces espèces, le défi consiste à trouver le bon créneau météo. Une houle propre et un vent stable augmentent la tenue des DCP et donc le passage des pélagiques.
2. La carangue : reine des côtes guadeloupéennes
La carangue fascine par sa force. C’est le poisson sportif par excellence en Guadeloupe. Elle frappe sans prévenir, cherche à regagner les roches et décroche souvent les pêcheurs inattentifs.
- Espèces courantes : carangue hippos (gros yeux), carangue royale, carangue carangue.
- Quand les rencontrer ? Toute l’année, avec une meilleure activité à l’aube et au crépuscule. Forte activité juste avant les renversements de marées dans les passes.
- Où la traquer ?
- Mangroves et chenaux du Grand Cul-de-Sac Marin
- Rochers battus en Atlantique, cap de la Pointe des Châteaux
- Tombants près de Bouillante et Deshaies
- Matériel :
- Canne spinning 20–30 lb
- Bas de ligne fluorocarbone 50–80 lb
- Frein bien réglé : combat brutal dès le ferrage
- Leurres :
- Poppers courts pour déclencher l’agressivité
- Stickbaits sur plan d’eau calme
- Jigs légers sur cassures
Astuce marée : la carangue bouge avec le courant. En marée montante, elle remonte près du bord pour chasser. En marée descendante, elle attend souvent dans les zones de resserrement. Vous trouverez des conseils ici si vous débutez avec la carangue : alternez puissance et discrétion. Puissance pour maîtriser son rush initial, discrétion pour provoquer une touche dans une eau claire.
3. Les espèces côtières sportives : tarpon, snook et barracuda
Certaines espèces occupent les bordures du lagon ou les estuaires. Elles permettent de varier les sessions lorsque la mer devient agitée au large.
| Espèce | Saison favorable | Zone | Particularité |
|---|---|---|---|
| Tarpon | Juin à novembre | Mangroves, ports | Combat aérien spectaculaire |
| Snook | Avril à septembre | Bordures de mangroves | Attire les amateurs de précision |
| Barracuda | Toute l’année | Côte Atlantique et passes | Attention aux dents, bas acier utile |
Pour ces trois espèces, la discrétion est importante. Gestes lents, leurres souples naturels, passages répétés près de structures immergées : pontons, embarcadères, racines de palétuviers. La réussite repose sur la lecture du poste plus que sur la puissance brute.
Météo, houle et saison cyclonique : bien lire les bulletins
La saison cyclonique s’étend de juin à novembre. Pendant cette période, on s’informe quotidiennement et on adapte les sorties à la vigilance météo. Prochaines étapes : consultez le portail météo marine local, puis validez la fenêtre de vent et de houle 24 h avant de partir. Météo-France Guadeloupe publie les tendances et outils marins dédiés.
Sur la côte Atlantique, une houle d’est ou de nord-est peut fermer les passes pour les petites unités. Sur la côte Caraïbe, la mer est souvent plus maniable, mais les rafales orographiques surprennent en fin de journée : encore une raison de caler vos horaires sur les bulletins locaux.
Règlementation : ce qu’il faut absolument respecter
La pêche maritime de loisir en Guadeloupe et à Saint-Martin est encadrée par un arrêté préfectoral dédié. Il fixe tailles minimales, quotas journaliers, périodes d’interdiction et espèces totalement interdites. Décomposons les essentiels :
- Tailles minimales et quotas : plaquette officielle à garder sur le smartphone. Elle précise les dates de fermeture des langoustes (1er juin au 30 septembre), l’interdiction de capture des femelles « grainées », et des limites de poids pour certaines espèces de coquillages ou céphalopodes. Voici pourquoi : les contrôles s’appuient sur ce document.
- Espèces interdites : poissons à rostre (espadon, marlins) en loisir, requins, goliath, diodons/tétrodons, etc. La plaquette recense aussi les espèces à risque ciguatera à ne pas consommer.
- Zones protégées : cœur marin de Pigeon (îlets Pigeon, dit « Réserve Cousteau ») et secteurs du Grand Cul-de-Sac Marin : restrictions sur la pêche, le mouillage et la navigation. On vérifie le périmètre cartographié avant toute dérive.
Rappel : certaines réserves font l’objet d’anciens décrets de création et d’arrêtés spécifiques. Les contrôles s’appuient sur ces bases.
Itinéraire type sur 5 jours
Jour 1 — Prise en main (côte Caraïbe). Matin à Malendure : lancer-ramener tôt sur les bordures (hors cœur de parc). Après-midi repérage du périmètre protégé autour des îlets Pigeon.
Jour 2 — Lagon du GCSM. Départ Sainte-Rose : snook et carangues dans les chenaux de mangrove. Pause sur un îlet, sans mouillage sur herbier. Fin de journée, dérives lentes le long de la barrière.
Jour 3 — Atlantique. Saint-François-La Désirade si la fenêtre météo s’ouvre. Traîne rapide le long des cassures, halte sur DCP avec lignes profondes pour les thons. Retour avant l’alizé de l’après-midi.
Jour 4 — Pélagiques en vue. Fenêtre au large confirmée : traîne sur 15–20 milles en visant coryphènes et thons. Tenue stricte du plan de route et du carburant de sécurité.
Jour 5 — À pied ou en kayak. Remise en douceur : aube sur une plage abritée, leurres de surface pour carangues. Après-midi snorkelling en zone autorisée et remise en ordre du matériel.
Check-list matériel
- Deux ensembles 20–30 lb pour lancer/traîne côtière, un 30–50 lb pour pélagiques.
- Bas de ligne fluorocarbone 40–80 lb, acier pour thazards.
- Leurre de surface bruyant, stickbait discret, jigs compacts 20–60 g, cuillères lourdes pour les veines de courant.
- Pinces longues, épuisette rubber, tapis de décrochage pour le no-kill.
- Application météo marine locale et plaquette réglementaire.
Budget, logistique et bons réflexes
Côté logement, basez-vous près d’un port de départ : Deshaies/Malendure côté Caraïbe, Saint-François/Le Moule côté Atlantique, Sainte-Rose pour le lagon. Le site officiel du tourisme recense les ports, bases nautiques et contacts utiles. Transport des prises : en hébergement, respectez la chaîne du froid et les quotas. Assurance : vérifiez les clauses « mer » de votre loueur de bateau. Sargasses : en cas d’échouage massif, l’Atlantique devient moins praticable ; repli côté Caraïbe.
Prochaines étapes : verrouillez votre période, surveillez la météo 7 jours avant le départ, téléchargez la plaquette 2024, identifiez les zones protégées du GCSM et du cœur marin de Pigeon, puis choisissez votre camp de base selon les espèces visées.