Passer la nuit dans les gorges de l’Ardèche, c’est choisir le calme d’un canyon sauvage. Le décor est brut, minéral, ponctué de falaises vertigineuses. Ici, les bivouacs sont réglementés, mais l’expérience est accessible. Il suffit de s’organiser. Et de respecter le terrain. Ce guide vous aide à préparer votre bivouac sans stress, à choisir le bon spot et à profiter du lieu sans contrarier la nature ni les règles.
Bivouaquer, oui… mais en respectant la réglementation
Les gorges de l’Ardèche sont classées Réserve Naturelle. Vous ne pouvez pas planter votre tente où bon vous semble. Le bivouac est autorisé entre 19 h et 9 h, uniquement dans deux zones aménagées : Gaud et Gournier. Ces aires sont équipées de toilettes sèches. Il n’y a ni douche ni électricité. Le feu est interdit, comme partout en zone sensible. Et vous devez repartir avec vos déchets.
Le nombre de places est limité, surtout en été. Pour être sûr d’avoir un emplacement, mieux vaut prévoir à l’avance. Vous pouvez facilement réservez votre bivouac en ligne, en quelques clics. Ne tardez pas si vous partez en juillet ou en août et voulez être sûr d’avoir votre place.
Faut-il dormir une nuit ou deux ?
Tout dépend de votre parcours. La descente complète des gorges fait 24 km, entre Vallon-Pont-d’Arc et Saint-Martin-d’Ardèche. Vous pouvez la faire en une journée, mais cela reste intense.
La plupart des visiteurs préfèrent couper en deux. Ils font une pause bivouac après une journée de pagaie. Cela permet de prendre son temps, de se baigner, de s’arrêter. L’expérience devient plus agréable. Avec deux jours, vous glissez au fil de l’eau. Vous arrivez plus reposé. Et surtout, vous voyez les gorges aux heures où elles sont calmes, loin de l’agitation de la journée.
Ce qu’il faut emporter (et éviter)
L’objectif : rester léger sans rien oublier. Prévoyez une tente compacte ou un sursac de couchage, un sac de couchage chaud, une lampe frontale, de l’eau (2 litres minimum par personne), des vêtements.
Pensez aussi à un petit réchaud ou des plats froids. Le feu étant interdit, oubliez les grillades. Un sac étanche est indispensable pour protéger vos affaires pendant la descente. Laissez les enceintes, les drones et les objets bruyants à la maison. Vous êtes là pour la nature. Pas pour déranger.
Où bivouaquer dans les gorges : Gaud ou Gournier ?
Aire de Gaud
Située après 13 km de descente, elle convient bien pour ceux qui font la descente sur deux jours. C’est l’aire la plus fréquentée. Elle dispose d’un petit coin d’ombre, mais reste très exposée. Le réveil au lever du jour y est superbe. Vous êtes au fond du canyon, entouré de parois dorées par la lumière du matin. Elle est donc idéale pour une pause avant d’attaquer la suite sans se presser.
Aire de Gournier
Un peu plus en aval, elle se trouve à environ 18 km du départ. Moins fréquentée, elle offre un cadre plus intime. Le coin est plus frais et mieux abrité. Le seul inconvénient : vous avez une plus longue première journée. En contrepartie, la deuxième étape est plus courte et plus tranquille.
Les deux spots sont accessibles en canoë ou à pied via les sentiers balisés. Si vous optez pour la marche, pensez à la remontée : le sentier est raide à certains endroits.
Conseils pour une nuit sereine
Arrivez avant 18 h si possible. Cela vous laisse le temps de vous installer tranquillement. Repérez les toilettes. Choisissez un emplacement plat et éloigné des zones de passage.
Respectez le silence. Les bivouacs sont des espaces collectifs. Chacun cherche un moment calme. Si vous venez en groupe, limitez les discussions tardives. Gardez votre lampe sur lumière rouge ou faible pour ne pas gêner. Et rangez bien vos affaires avant de dormir. La rosée du matin est tenace.
Au départ de quelles villes faire son bivouac ?
Pour bivouaquer dans les gorges de l’Ardèche, les points de départ les plus pratiques sont Vallon-Pont-d’Arc et Saint-Martin-d’Ardèche. Ces deux communes encadrent la réserve naturelle et offrent des accès directs aux sentiers de randonnée et aux descentes en canoë.
Si vous êtes en vacances près de Vallon-Pont-d’Arc, c’est le point de départ classique pour les descentes en canoë. C’est ici que commence la plupart des itinéraires de deux jours avec nuit en bivouac. Vous y trouverez de nombreux loueurs de canoës qui proposent des formules avec transport retour inclus. L’organisation est facile ici, même sans voiture sur place.
Saint-Martin-d’Ardèche, située à l’aval des gorges, est idéale si vous préférez commencer par la randonnée. Certaines formules incluent une navette qui vous emmène au départ du sentier à Vallon-Pont-d’Arc, vous permettant ainsi de récupérer votre véhicule à l’arrivée sans contrainte horaire.
D’autres villages comme Salavas, Saint-Remèze ou Saint-Just-d’Ardèche peuvent aussi servir de base, notamment si vous logez à proximité ou si vous souhaitez explorer des itinéraires moins fréquentés.
Quel que soit votre choix, planifiez votre itinéraire et réservez votre nuitée en bivouac à l’avance.
Ce que vous verrez au petit matin
Le chant des oiseaux remplace le bruit des moteurs. Les parois changent de teinte au fil du soleil. L’eau est calme, parfois brumeuse. C’est l’un des rares moments où vous pouvez vivre les gorges dans leur silence naturel. Ce calme matinal vaut à lui seul le détour par une nuit sur place.
Certains se baignent au lever du jour. D’autres profitent d’un petit-déjeuner sobre avant de repartir. L’expérience est simple, mais laisse une trace. Pas besoin de luxe quand le décor s’en charge.
Bivouaquer avec des enfants, c’est possible ?
Oui, mais avec préparation. L’expérience convient dès 7 ou 8 ans, à condition que l’enfant sache nager. La nuit en bivouac plaît souvent aux plus jeunes, qui la vivent comme une aventure.
Prévoyez des vêtements chauds et des jeux simples. Une lampe frontale, une couverture et des gâteaux secs suffisent à créer une ambiance. Expliquez les règles avant de partir. Et évitez les descentes trop longues. Un parcours court avec une nuit sur place reste la meilleure option.
Les meilleures périodes pour bivouaquer
La saison du canoë s’étale d’avril à octobre. Le printemps est agréable : les températures sont douces, la nature est verte. L’été reste le plus fréquenté. Prévoyez alors beaucoup d’eau et de patience.
Septembre est souvent idéal. Moins de monde, encore de belles journées, et une eau souvent plus chaude qu’au printemps. Octobre peut convenir, mais les nuits deviennent fraîches.
Alternatives au bivouac en canoë
Vous pouvez aussi rejoindre les aires de bivouac à pied. Le sentier des Gorges longe la rivière. Il est balisé et permet une approche différente, plus sportive.
Des agences proposent également des séjours accompagnés, en canoë ou en randonnée. Cela permet de bivouaquer sans stress logistique. Tout est organisé : tentes, repas, portage.
Enfin, pour les personnes qui veulent rester proches des gorges sans y dormir, des campings en amont ou en aval proposent des hébergements confortables.
En résumé
Bivouaquer dans les gorges de l’Ardèche, c’est s’offrir une nuit en pleine nature, sous les étoiles. Il ne s’agit pas d’un camping sauvage, mais d’un moment organisé, réglementé, et respectueux du lieu.
Avec un peu d’anticipation, vous profitez d’une expérience rare, sans tracas. La nuit tombe vite dans le canyon. Le silence s’installe. Et vous êtes là, seul avec les parois, le ciel et la rivière.